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Fermez les yeux un instant. Imaginez un grand plat doré qui sort du four, avec cette odeur de beurre salé chaud qui rappelle les dimanches chez votre grand-mère. Le far breton, c’est ce dessert simple en apparence, mais si réconfortant que l’on a envie d’y revenir cuillère après cuillère. Et lorsqu’il est ultra fondant, presque crémeux, il devient tout simplement inoubliable.
Le far breton nature, dans sa version traditionnelle, n’a pas besoin de fruits. Pas de pruneaux, pas de pommes. Juste du lait, des œufs, de la farine, du sucre, et un bon beurre salé qui parfume tout le plat.
À la sortie du four, le far est gonflé, les bords bien caramélisés, presque croustillants. Puis il se tasse doucement en refroidissant. Il devient dense, mais moelleux, avec une texture entre le flan, le clafoutis sans fruits et ce que l’on appelle parfois le « gâteau de ménage ».
C’est le dessert familial par excellence. On pose le plat au centre de la table, on sert de grandes parts, et chacun se ressert sans faire de manières. Un vrai dessert de maison, qui réchauffe autant le cœur que le ventre.
Pour un grand plat rectangulaire d’environ 30 × 20 cm (6 à 8 personnes) :
Le lait entier apporte une texture plus riche et plus fondante. Avec du lait demi-écrémé, le far reste bon, mais un peu moins onctueux. Pour le beurre, choisissez un beurre salé de bonne qualité, breton si possible. Un beurre demi-sel avec cristaux donne aussi de petites touches croquantes très agréables.
La magie de ce far ne tient pas seulement aux ingrédients. Elle se joue surtout dans la chaleur du plat, la couleur du beurre, la texture de la pâte. Ce sont ces petits détails qui font la différence entre un far « bon » et un far dont on se souvient longtemps.
Préchauffez le four à 230 °C, en chaleur traditionnelle si possible. Découpez au total 70 à 80 g de beurre salé. Réservez 50 g pour la pâte et placez les 20 à 30 g restants dans un grand plat à gratin d’environ 30 × 20 cm.
Glissez le plat au four pendant quelques minutes. Le beurre doit fondre, puis commencer à mousser. Laissez-le prendre une jolie couleur noisette. Surveillez bien : il doit être doré et parfumé, mais jamais brûlé. Dès que l’odeur rappelle la noisette et la brioche, sortez le plat.
Pendant que le beurre chauffe, versez dans un grand saladier :
Mélangez pour répartir les sucres dans la farine. Ajoutez ensuite les 4 œufs, un par un, en fouettant à chaque fois. Vous devez obtenir une pâte épaisse mais homogène.
Incorporez alors les 50 cl de lait entier bien froid, en deux fois, tout en fouettant énergiquement. La pâte doit devenir fluide, un peu plus épaisse qu’une pâte à crêpes. Si vous voyez des grumeaux, fouettez plus fort ou passez la pâte au chinois. Plus la pâte est lisse, plus le far breton sera délicat.
Lorsque le beurre du plat est bien chaud et légèrement coloré, sortez le plat du four avec précaution. Inclinez-le pour que le beurre nappe bien le fond et les bords.
Versez immédiatement la pâte froide dans le plat brûlant. Le beurre remonte sur les côtés et en surface. C’est ce choc thermique qui crée la fameuse croûte caramélisée, tout en gardant un cœur fondant. C’est l’un des grands secrets de la texture.
Baissez la température du four à 210 °C. Placez le plat sur la grille au milieu du four et faites cuire environ 30 à 35 minutes. Le temps peut varier de quelques minutes selon votre four.
Le far est cuit lorsqu’il est bien gonflé, avec des bords brun doré, et un centre encore légèrement tremblotant lorsque vous bougez le plat. Ne cherchez pas à le cuire jusqu’à ce qu’il soit totalement figé. Il va se raffermir en refroidissant, tout en restant très fondant à l’intérieur. Si la surface colore trop vite, déposez une feuille de papier cuisson par-dessus en fin de cuisson.
Tiède ou froid, ce far breton au beurre salé a deux visages, et les deux valent le détour. Tiède, la texture est encore un peu crémeuse, presque tremblante, très fondante en bouche. Froid, il devient plus compact, se découpe en jolis carrés réguliers et se déguste facilement du bout des doigts.
Servez-le en parts généreuses, sans décoration compliquée. Un verre de cidre brut bien frais, un thé léger ou un café allongé l’accompagnent parfaitement. Pour une touche plus gourmande, ajoutez une cuillère de crème fraîche épaisse ou quelques lamelles de pomme rapidement poêlées au beurre et légèrement sucrées.
Conservez le far au réfrigérateur pendant 2 à 3 jours. Sa texture devient alors proche d’une crème prise très ferme. Si vous préférez le retrouver tiède, réchauffez-le doucement à 120 °C pendant quelques minutes, juste pour lui rendre du moelleux, sans le recuire.
Un far breton réussi ne demande pas de technique compliquée. Il réclame surtout un peu de précision et beaucoup d’attention aux sensations : la vue, l’odeur, la texture de la pâte.
Et puis il y a tout ce qui ne s’écrit pas vraiment dans une recette. Le même plat à gratin que l’on ressort à chaque fois. L’odeur de beurre noisette qui envahit la cuisine. La première part coupée un peu de travers, parce que l’on est trop pressé de goûter. Ce sont ces petits rituels qui transforment un simple dessert en souvenir de famille.
Ce far breton de grand-mère, ultra fondant et généreux en beurre salé, n’a pas besoin de glaçage ni de décor sophistiqué. Il se suffit à lui-même. Il coûte peu, se prépare en quelques minutes, ne demande aucun matériel particulier, juste un bon plat, un fouet et un peu de patience pour la cuisson.
Une fois que vous aurez testé cette version très fondante, avec le beurre bien chaud et la croûte dorée, il y a de grandes chances qu’elle devienne l’une de vos recettes fétiches. Pour les goûters d’enfants, les repas de famille, ou simplement pour inviter un peu de Bretagne dans votre cuisine, une bouchée à la fois.